Oubliance

Que m’as-tu dis

De toi ou d’elle ?

De loin en loin

Peu de chose

Mains noueuses

Cheveux dentelles

Dents trop blanches

Pour être vraies

Que gardes-tu dans ce coffre

Que tu ne veux montrer

Que serres-tu dans tes doigts

Que tu ne veux lâcher ?

Poussières.

Lignes de vie

Dans ce magasin

de théières ébréchées

et de nappes à carreaux

de bécassines oubliées,

Des horloges arrêtées,

poupées figées

ombres monstrueuses

marionnettes sans vie

Dans ce bric-à-brac

je cherche le tarot du passé

l'amnésie des lignes de ta main

Le poids des pas

 

Là-bas, les déesses

impuissantes

ferment les yeux

statues oubliées

de victoires enterrées

cuivre oxydé

Ici, chargé de toi

je m'épuise

sur le chemin

sans force

sans dieu

sans peuple

où puis-je aller ?

Saison des suies

 

Thé bon marché et tabac froid

l'ennui pâteux

dans la bouche

La pluie fine

que je ne sens pas

sur le balcon

Tes yeux de soie

absent d'ici

des jours trop longs

Le sourire du clown triste

 

Il y a ce clown triste, un peu méchant, qui ne s'aime pas. Grimaces acides et rire grinçant. C'est mon compagnon des jours sans joie sans peine. Il se moque de moi, de lui, de nous qui trainons nos guenilles dans les rues éraillées. Il est mon compagnon des jours de rien.

Pince la joue des enfants sages, ha ha, pique le derrière des bigotes, hi hi. Et nous allons de-ci, de-là, singeant ceux qui ne sont pas là pour rire.

Défaite

 

Je dirai ton nom

cent fois

sans revoir ton visage

buée de mot

je te chercherai

centaines d'année

sans te trouver

jungle de souvenirs

je marcherai

sans compter

labyrinthe de pas

jusqu'à me perdre

Pas perdus

 

Je n'ai pas le temps

pas de temps pour toi

il faut que j'y aille

que je parte

j'ai d'autres choses à faire

d'autres chats à fouetter

que toi

tu veux m'arrêter sur la ligne droite de ma vie

la prochaine fois,

oui la prochaine fois, peut-être

ou la prochaine vie

surement

maintenant

je n'ai pas le temps

Belle dame sans merci

 

Je te tordrais le cou

si je pouvais

simplement

pour passer le temps

je voudrais

créer sous tes pieds

une route de soie

mais te rejoindre

non

que faire de toi

de moi ?

Rien de plus qu'une partie de dé

Envie de m'amuser

jusqu'à ce que tu t'épuises

et qu'un autre te remplace

M'ennuie.