lundi 30 mai 2011

La ronde des petits êtres


 
A quoi pense petit être de chair?
A quoi joue petit être de boue?
A quoi pleure petit être d'os?


Petit être de chair pas penser, pas parler.

Petit être de boue sale, personne ne joue avec lui.

Petit être d'os bientôt sera poussière, et pleure cendre à venir.

dimanche 29 mai 2011

Là-bas

 
Dans la petite maison
du bout du bout du monde
je garderai la porte
espérant que quelqu'un
se souvienne d'ici

Dans la petite maison
du bout du bout du monde
il y aura un feu, toujours,
qui brulera dans l'âtre
pour celui qui aurait froid

Dans la petite maison
du bout du bout du monde
je préparerai une chambre
si jamais l'étranger
voulait s'y reposer

Dans la petite maison
du bout du bout du monde
je serai seul, toujours
je le sais bien

Comme tout un chacun
dans sa petite maison
du bout du bout du monde


mardi 24 mai 2011

L'occupation


J'attends.

Une limace s'est installée depuis longtemps à la place de ma langue, dans le petit creux chaud.
Je prendrais ma revanche.
Mon corps est un pays sans frontière.
Mon pays est un corps sans peau.
Et nous sommes à vifs tous les deux.
La colère gronde dans les rues de mes entrailles. La faim règne dans la ville. Usine et vieux poumon crachotent douloureusement des nuages de fumée noire.

L'armée se perd dans le labyrinthe de mon cerveau malade.

Dans la cité de rouille les habitants vont et viennent. Et je suis l'un deux. Je me traîne à la surface des pavés souillés. Je lèche le sol de ma ville fatiguée, elle me piétine.
Ma peau se déchire lentement et laisse ma chair à nu. Les enfants s'amusent à me jeter les ordures qui jonchent la ville. Ils rient de me voir crier, je ne peux pas leur en vouloir.

Je suis couché, dans mon lit je crois, et mon mal empire. Du fond de mon estomac remontent des liquides jaunes sombres que je recrache sur le sol de ce que je crois être ma chambre.
Les parasites remontent le long de mon corps et profite de mon inertie chaude. J'ai envie de me gratter, violemment, à m'en arracher une nouvelle fois la peau. Mais déjà mes doigts ne m'obéissent plus, mes petits soldats à moi font une mutinerie. Je résiste, je les force. Je soulève une paupière lourde pour constater que mes phalanges ont été raccourcies par quelques rats au ventre creux. Mais qu'importe maintenant...
Je suis en ruine et ma ville est à l'agonie.


jeudi 12 mai 2011

La ville de sable

 
Il y a une ville de sable
là-bas
si tu y vas
tu mourras
non pas de soif
pas même de faim

Si tu y vas
les gens de là-bas
te mangeront
ils sont cruels
tu mourras
doucement
tu auras le temps
de penser
à ta vie passée
au vide, au vice
qui l'habitent
tu seras
heureuse
presque d'y mourir
Cette ville est si belle
construite tout en sable
si finement
qu'elle semble tissée d'or
et toi
tu mourras

si tu y vas
bien sûr
si tu y vas...

vendredi 6 mai 2011

Une vache qui pisse dans un tonneau


Je ne veux plus compter jusqu'à trois
pour me perdre dans les bois
ni me brûler à la chaleur du soleil
ni être le chat

je n'ai plus envie de jouer

je ne veux plus battre les cartes
qui me feront perdre
je ne veux plus piocher
alors que je n'ai aucune chance
je ne veux plus lancer les dés
et les voir retomber malencontreusement

je n'ai plus envie de jouer

je ne veux plus appuyer sur la gâchette
ne sachant si je préfère vivre ou mourir
je ne veux plus parier
et me voir rafler la mise

lundi 2 mai 2011

Le conte de fée


Je m'éloigne à chaque pas
je ne reviendrais pas
garde tes maléfices pour toi
je ne veux plus t'entendre

le roseau d'acier chuchote une prière
et je ris
l'enfant saigne de l'oreille
et je lui coupe le pied

Tu danses avec moi et tu t'enfuis
je ne veux plus te voir
tu te transformes pour me plaire
va-t-en, va-t-en

Devant la cheminée
Une jeune fille attend
je la recouvre de cendres,
qu'elle étouffe!

Il y a deux sœurs, deux sœurs
je prends chacune d'elle par le bras
et je pars
en riant

Je ne veux plus te voir
pleure, dans ta mansarde
pleure, dans tes guenilles
et laisse-moi tranquille

Je ne courrais pas derrière toi
je ne veux pas te rattraper
ni ramasser la pauvre chaussure
en fausse fourrure

La jeune fille
dans le puits
s'est jeté
et moi, hi, hi
je ris

dimanche 1 mai 2011

Haïku

Quatre murs blancs
De l'autre côté
Un ascenseur descend

« Je n'y suis pour personne »


Je ne veux plus jaillir de toi
sans savoir d'où loin tu viens
je ne veux plus m'enfoncer dans tes eaux boueuses
sans sentir comment toi être

je suis perdu
dans le long du jour
et cherche

Je veux pouvoir briser miroir
afin de
méthodiquement
enlever morceaux de verre
de ta peau légère

perdu
jour trop long
ne cherche plus

Je ne veux plus partir
sur les routes ventre creux
je veux rester là
près de toi
et attendre
que je revienne