jeudi 23 octobre 2014

Le Sol dérobé




J’ai tendu des fils dans Kyoto
Que dansent tous les funambules !
Ces fils crient vers toi, peut-être en vain
La poussière des champs de blé
Pénètre dans ma peau minérale

Tu t’approches sur le bout des cils
Venant de loin, de l’autre rive
En équilibre depuis Grozny
Longue traversée de forêts,
De lacs, vallées de villes aveugles

Je ne sais si tu arriveras
Un jour, tant le chemin est long
Qui sait si ton corps supportera
La séparation d’avec
Ce fil qui relit tes deux amours ?

Je sais bien que Grozny est plus belle
Et plus désespérée que moi
Je ne voulais pas t’abandonner
Mais t’arracher, ville maudite
Les dieux contre nous, que pouvais-je ?

mercredi 1 octobre 2014

Moisson




Les mains graisseuses et noires
Me font reconnaître
L’ouvrier aux lèvres pincées


jeudi 4 septembre 2014

Moisson


Le champ d’avoine frémit
On entend au loin
La moissonneuse-batteuse

mercredi 3 septembre 2014

Moisson


Sous la tôle du hangar
Les vieux tracteurs
Sentent le grain et la poussière

lundi 17 mars 2014

Qui gagne, qui perd ?


Qui gagne, qui perd ?

Personne jamais ne gagne
Mais tous se jettent par la fenêtre
La fenêtre près de la table
Où celui qui perdait gagne

Celui-là perd
Alors je rebats les cartes
Pour faire semblant
De gagner
Malgré ce mauvais jeu

Le tarot est cruel
Nomme rarement
Et le pendu
Me tombe des mains

Qui gagne, qui perd ?

Personne jamais ne gagne
Mais tous perdent leurs cheveux
Tête nue et vieille
A l’envers
Danse sur un pied

Si tu devines le mot avant
Pendaison inachevée
Tu auras la vie sauve

On chuchote au cabaret des trois cercueils, confidences de pendu, celui qui perd gagne.