mardi 24 mai 2011

L'occupation


J'attends.

Une limace s'est installée depuis longtemps à la place de ma langue, dans le petit creux chaud.
Je prendrais ma revanche.
Mon corps est un pays sans frontière.
Mon pays est un corps sans peau.
Et nous sommes à vifs tous les deux.
La colère gronde dans les rues de mes entrailles. La faim règne dans la ville. Usine et vieux poumon crachotent douloureusement des nuages de fumée noire.

L'armée se perd dans le labyrinthe de mon cerveau malade.

Dans la cité de rouille les habitants vont et viennent. Et je suis l'un deux. Je me traîne à la surface des pavés souillés. Je lèche le sol de ma ville fatiguée, elle me piétine.
Ma peau se déchire lentement et laisse ma chair à nu. Les enfants s'amusent à me jeter les ordures qui jonchent la ville. Ils rient de me voir crier, je ne peux pas leur en vouloir.

Je suis couché, dans mon lit je crois, et mon mal empire. Du fond de mon estomac remontent des liquides jaunes sombres que je recrache sur le sol de ce que je crois être ma chambre.
Les parasites remontent le long de mon corps et profite de mon inertie chaude. J'ai envie de me gratter, violemment, à m'en arracher une nouvelle fois la peau. Mais déjà mes doigts ne m'obéissent plus, mes petits soldats à moi font une mutinerie. Je résiste, je les force. Je soulève une paupière lourde pour constater que mes phalanges ont été raccourcies par quelques rats au ventre creux. Mais qu'importe maintenant...
Je suis en ruine et ma ville est à l'agonie.


1 commentaire:

  1. Du talent, il me semble... une poésie très simple, qui avance... Un univers de cauchemar, mais de cauchemar joyeux... Je me demande où mènera cette poésie-limace.

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